jeudi 31 mai 2012

L’Europe se fait taper sur les doigts

La Conférence internationale du Travail a débuté officiellement ce matin, avec la séance d’ouverture plénière. Le discours d’ouverture de Juan Somavia, le charismatique directeur-général (démissionnaire) de l’Organisation internationale du Travail, est toujours un moment très attendu. Cette fois encore, nos espoirs n’ont pas été déçus. Juan Somavia s’en est pris vertement à l’Europe. C’est le monde à l’envers, a-t-il affirmé. Alors que l’OIT est souvent considérée comme un levier pour exporter vers le Sud, l’Est et les inébranlables pays anglo-saxons des normes et des valeurs qui font partie intégrante du système européen, c’est aujourd’hui l’Europe que l’OIT a toutes les difficultés à maintenir dans le droit chemin.


‘Je me sens donc obligé de dire quelques mots sur la zone euro’, a commencé Somavia. ‘Les politiques qui y sont menées sont extrêmement préoccupantes pour l’OIT’ . Il a ensuite distribué une série de mauvais points. La politique d’austérité unilatérale ne mène qu’à la stagnation économique, à des pertes d’emplois, à un affaiblissement de la protection et a un coût extrêmement élevé sur le plan humain. Elle mine les valeurs humaines dans lesquelles l’Europe était pionnière. Pire encore, a poursuivi Somavia, en tenant de démanteler sa dette publique, l’Europe est occupée à se constituer une dette sociale, qu’il lui faudra aussi rembourser. Les pays européens les plus touchés sont soumis à des conditions telles qu’ils commencent à abandonner les valeurs fondamentales de l’OIT, que l’Europe était la première à défendre. Et en particulier la culture du dialogue social, qui a pourtant été le fondement de la reconstruction de l’Europe après la guerre. Et enfin, il a lancé un lourd avertissement : en ne faisant confiance qu’aux opérateurs financiers et en perdant la confiance du peuple, non seulement on renforce la spirale économique négative mais aussi on ouvre la voie à des solutions extrêmes, dont, j’en suis certain, les démocrates européens ne veulent plus refaire l’expérience. ‘Des politiques extrêmes produisent des réactions extrêmes’.

Deux heures plus tard, l’Europe publiait ses nouveaux diktats néolibéraux pour la politique budgétaire et socio-économique des Etats-membres. Avec pour la Belgique une nouvelle attaque contre notre système de dialogue social.



Le discours complet de Juan Somavia est disponible sur le site : http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/press-and-media-centre/statements-and-speeches/WCMS_181894/lang--en/index.htm

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