vendredi 1 juin 2012

Le directeur général met l’Europe devant ses responsabilités et lui rappelle ses valeurs

Le discours d’ouverture du directeur général de l’OIT, M. Juan Somavia, a été largement centré sur les politiques d’austérité menées en Europe, qui seront aussi, sans aucun doute, au cœur d’au moins deux des thèmes traités par la Conférence cette année : l’emploi des jeunes et le socle de protection sociale.

« Des politiques extrêmes en vue de combattre la crise dans la Zone Euro pourraient produire des réactions extrêmes », a-t-il prévenu. « Ne donner confiance qu’aux opérateurs financiers en perdant la confiance des gens, n’approfondit pas seulement le cercle vicieux de la dépression économique, elle ouvre aussi la voie à des solutions extrêmes. Les mesures actuelles ont échoué à réduire la dette, mais ont créé une dette sociale qu’il faudra aussi payer ».Mais M. Somavia, qui est un diplomate d’origine chilienne, a surtout déploré qu’en prenant cette voie, l’Europe est en recul par rapport à des valeurs dont elle était pionnière. C’était déjà mon impression dominante lors de la session 2011 : hormis les difficultés financières auxquelles elle doit faire face, ce qui menace le plus l’Europe, c’est la perte de confiance en ses propres valeurs de dialogue social et de progrès social, alors que de plus de pays, notamment parmi les pays émergents, se réapproprient ces valeurs en les adaptant à leurs propres besoins et leurs propres traditions.

Le discours de M. Somavia fait irrésistiblement penser à celui d’un de ses prédécesseurs, au cœur de la crise des années 1930. Celui-ci anticipait de plusieurs années le New Deal amorcé aux Etats Unis par le président Roosevelt, qui inspirera la Charte de Philadelphie, qui est toujours le texte fondateur de l’OIT, laquelle inspirera elle-même les politiques de reconstruction d’après-guerre en Europe.

L’histoire, dit-on, ne se répète pas. En 1930, l’Europe a infligé au monde et à elle-même une guerre pour sortir de ses contradictions. On ne peut qu’espérer que cette fois elle n’aura pas besoin d’autre claque que l’admonestation amicale d’un haut fonctionnaire international .

Affaire à suivre avec le compte-rendu des commissions concernées.

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