mardi 12 juin 2012

La commission sur l’emploi des jeunes : Time for Action,… inaction et discussions !

De retour au plat pays, voici quelques impressions générales sur mon expérience au sein de la commission sur l’emploi des jeunes lors de la 101e Conférence Internationale du Travail à Genève.


Dès le lundi 4 juin, j’ai eu l’honneur d’intégrer le groupe de rédaction du texte final sur l’emploi des jeunes. Mon récent mandat comme président du comité jeunes de la CSI m’a certainement aidé à convaincre de l’utilité de ma présence au sein de ce petit groupe de rédaction (8 employeurs, 8 syndicalistes et 8 membres gouvernementaux).

Le moins que je puisse dire c’est que ce fut une expérience enrichissante et éreintante. En faisant un rapide calcul, en 3 jours, j’ai travaillé 45 heures, au finish, en terminant mardi à 1h30 du matin, ce qui n’est pas exactement du travail décent ;)

Les discussions ont parfois été très compliquées, avec des blocages de plusieurs heures sur une phrase ; j’avais parfois l’impression de devoir constituer un gouvernement avec Bart de Wever !

Par exemple, l’importance de politiques macro-économiques pour résoudre le problème de l’emploi ne semblait pas être une évidence pour toutes les parties. La précédente résolution de l’OIT sur l’emploi des jeunes, datant de 2005, se focalisait essentiellement sur l’employabilité des jeunes. Il nous semblait important de dépasser cet enjeu, surtout depuis 2008 et l’aggravation de la situation par la crise financière.

Sur cet enjeu, les employeurs voulaient s’en tenir à l’employabilité, à l’entrepreneuriat mais ne voulaient surtout pas remettre en cause le modèle économique actuel. Les gouvernements, de leur côté, étaient très frileux à l’idée que l’OIT donne des recommandations sur des politiques macroéconomiques. Pas si étonnant, à l’heure des mesures d’austérité actuelles prônées par l’UE, que les gouvernements soient réticents à investir 1 euro dans une relance de l’emploi, indispensable pourtant…

Un autre débat clé avait trait à la qualité de l’emploi. Les employeurs contestaient même l’utilisation de la notion. Pour eux, il est clair que n’importe quel emploi, rémunéré ou non, est un bon emploi. Il y a un danger de proposer des emplois au rabais en période de crise, sous prétexte que c’est moins cher. Nous avons dû batailler ferme pour faire comprendre aux autres parties que nous n’allions pas résoudre le problème en rabaissant tous les standards sociaux. Sur ce sujet, les gouvernements avaient un comportement assez attentiste, et une ligne politique pour le moins incohérente. La représentante de l’UE semblait dépassée par le sujet, et donnait raison une fois aux syndicats, une autre fois aux employeurs…

En tout cas, ce fut une expérience particulièrement intéressante : la rédaction d’un texte où chaque mot a une signification, le lobby vers les gouvernements pour soutenir un amendement, la confrontation avec des employeurs capitalistes et agressifs, la difficulté d’arriver à des compromis, furent quelques enseignements qui me resteront longtemps en mémoire.

En guise de conclusion, j’espère sincèrement que cette résolution aura un impact à la mesure du défi actuel. L’enjeu est trop important pour que ce texte ne reste lettre morte. Il est urgent de mettre en pratique le titre du rapport : l’emploi des jeunes, TIME FOR ACTION !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire