mardi 12 juin 2012

Les syndicats et le développement durable : du cœur, de la réflexion, de l’action et des moyens


Une bonne semaine avant le début de la conférence internationale « Rio+20 », les syndicats se réunissent à Rio de Janeiro. Durant trois jours de séminaire, nous allons accorder nos positions, avec celles des collègues du monde entier, quant à la meilleure approche face à la triple crise – économique, sociale et environnementale - à laquelle nous sommes confrontés.

L’origine de cette triple crise fait déjà – visiblement – largement consensus parmi les participants : un modèle économique inadapté. Pendant la journée inaugurale de notre séminaire, nous avons pu constater que les stratégies mises en place pour lutter contre ce modèle économique n’étaient pas identiques...

Quatre représentants de la confédération internationale des syndicats ont pris la parole pour expliquer comment, depuis quatre continents, on envisage la transition vers un développement durable.

Le plaidoyer révolutionnaire de Victor Baez Mosqueira, Secrétaire général de la Confédération syndicale des Amériques, venait droit du coeur : « Aux riches de payer pour la sortie de crise ». L’Amérique latine ne peut plus compter sur l’aide internationale, elle doit se développer en comptant sur ses propres richesses. Et tout le monde doit participer à l’effort, y compris les plus nantis, aujourd’hui largement oubliés dans l’exercice fiscal. Les impôts à lever doivent être investis dans la production locale, au bénéfice d’une consommation locale, elle aussi. Il est temps de diversifier véritablement l’économie, en sortant du schéma en place depuis longtemps et encore souvent d’application, focalisé sur l’exportation de matières premières. Une telle relocalisation de l’économie serait également bénéfique pour l’environnement.

Kwasi Adu Amankwa, secrétaire général de la CSI Afrique, peut-être un peu moins enflammé, a par contre été très clair : pauvreté, sècheresse, désertification, crise économique et surtout multiplication des conflits militaires font du quotidien de millions d’Africains une question de survie avant tout. Pour lui, les questions de gouvernance sont centrales. Il plaide pour faire de la bonne gouvernance le quatrième pilier du développement durable : sans elle, la justice sociale est impossible, tout comme la protection de l’environnement et le développement économique.

Après l’Afrique et l’Amérique latine vint le tour de l’Asie, représentée par Ching Chabo, de la CSI Asie-Pacifique. Le modèle économique en vigueur a beau avoir mené à une croissance régionale avoisinant les 7% ces dernières années, Ching Chabo a démontré qu’il n’était pas durable. Les inégalités se creusent fortement, les dégâts occasionnés sur l’environnement sont importants et l’économie asiatique est bien trop dépendante de ses exportations. La crise actuelle montre d’ailleurs le besoin de développer les marchés intérieurs. Ceci grâce à une revalorisation salariale, un verdissement de l’économie et la création d’emplois dignes. D’après Ching Chabo, la question est bien présente à l’agenda des pays ASEAN , c’est une note d’espoir !

Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération Européenne des Syndicats, fut la dernière à s’exprimer, expliquant combien la réponse choisie par l’Europe à la crise financière fragilise notre modèle social, puis mettant en lumière les attaques récentes –mais encore trop marginales - qui ont heureusement été relayées récemment au niveau politique. L’ « économie circulaire » basée sur la réutilisation et le recyclage des matières premières, la taxation sur les transactions financières, qui pourrait être utilisée entre autres pour le financement des énergies renouvelables, sont des pistes concrètes, qui doivent être mises en œuvre, avec bien d’autres. Rio doit permettre de quitter la sphère du discours pour passer à l’action !











Du 11 au 20 juin, Bert suit pour la CSC la Conférence des Nations-Unies de Rio, en tant que membre de la délégation belge officielle et de la CSI.Plus d’infos sur le site de la CSI : http://www.ituc-csi.org/rio-20.html
La CSC fait partie de la « coalition belge Rio+20 », qui réunit syndicats, mouvement Nord-Sud, associations environnementales, Conseils de la jeunesse, Conseils des femmes et Organisations actives dans l’économie sociale. La coalition plaide pour que Rio permette le basculement vers un autre modèle économique et de développement ; le texte commun est disponible à l’adresse http://www.cncd.be/IMG/pdf/2012-05-doc_rio20_fr.pdf

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