lundi 18 juin 2012

Rio+20, autant d'efforts pour si peu de résultats

Après trois jours de négociations, c’est toujours l’incertitude quant aux résultats de la conférence. Et absence de compromis entre pays riches, très peu enclins à prendre des mesures concrètes, et pays pauvres, qui réclament plus d’argent pour chaque engagement en faveur de la protection sociale ou de l’environnement... La conséquence ? Des textes tellement dilués qu’ils sont aujourd’hui presque vidés de leur substance, et rien de concret à l’horizon. Taxation des transactions financières ? Mesures nécessaires à la création d’emplois verts et décents ? Engagements pour la réduction de la pauvreté et la sécurité sociale ? Nous continuons à espérer… parce qu’il le faut !


Participer aux négociations de RIO+20 en tant qu’observateur (au nom des syndicats, dans mon cas) est une expérience étrange. Au sein du groupe de travail sur l’économie verte, un paragraphe de 5 lignes a été discuté pendant plusieurs heures. L’UE insistait pour qu’il soit tenu compte des facteurs sociaux et environnementaux, ce que ni les pays en développement ni les Etats-Unis ne voulaient entendre. Trop difficile, visiblement, de se mettre d’accord sur quelque chose d’aussi évident a priori. Hallucinant…

Cette nuit, à 23h30, les co-présidents de la conférence ont dressé un état des lieux de la situation. Avec l’optimisme propre à leur fonction, ils ont décrit les avancées enregistrées dans les différents groupes de travail. Si leur discours semble se justifier pour certaines thématiques très spécifiques (désertification, par exemple), il tente surtout de cacher des divergences de point de vue colossales entre négociateurs. La référence au socle de sécurité sociale et à la transition juste est faible, le plaidoyer syndical pour les « emplois verts » inaudible, principalement pour les pays en développement, qui s’opposent à toute avancée sur l’économie verte.

Les pays participants ont décidé cette nuit de continuer à travailler sur les textes, et donné mandat à l’hôte brésilien de fournir aux leaders des gouvernements nationaux - qui prendront le relais d’ici trois jours - une base utile pour démarrer leurs travaux.

De mon côté, le sentiment qui domine est la tristesse. Comment est-il possible qu’autant d’efforts soient nécessaires pour si peu de résultats? Les négociations me font souvent penser à une dispute de famille autour d’un héritage contesté. Avec un groupe (les pays en développement) qui s’estime lésé et un autre (les pays riches) qui tente d’éviter la discussion et en appelle au bon sens. Au nom de « l’avenir que nous voulons », thème de la conférence, n’est-il pas possible d’être plus raisonnables ?

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