dimanche 17 juin 2012

Un emploi vert pour les esclaves libres

L’histoire de Natanael Pereira Laurentino n’en est qu’une parmi d’autres. Les rapports de l’OIT, qui soutient la politique de lutte contre l’esclavage du gouvernement brésilien, décrivent abondamment les conditions de vie des travailleurs forcés. D’après Peter Poschen, directeur du programme « emplois verts » de l’OIT, le phénomène est principalement présent dans les Régions pauvres de l’Amazonie, au nord du pays. Souvent, les travailleurs démunis d’autres régions sont attirés par des intermédiaires insaisissables (appelés « gatos », pour « chats ») qui les endettent en leur avançant frais de transports, logement et alimentation, pour les tenir ensuite à leur merci.


Pour attaquer le problème, le gouvernement brésilien recourt à des brigades armées, constituées d’inspecteurs spécialement formés et de policiers. De 2008 à 2011, 559 opérations ont été menées, débouchant sur la libération de 13.048 personnes. Seule la moitié du chemin est cependant alors parcourue : si les esclaves libérés n’ont pas d’alternatives, ils retomberont dans la misère. C’est pour cette raison que le programme veille aussi à leur offrir des possibilités d’emploi, et précisément d’emplois « verts ».

Peter Poschen pointe trois secteurs, dont le premier est la production de charbon de bois pour l’industrie métallurgique, en remplacement du coke. Le charbon de bois est souvent produit de manière non durable, aussi bien sur le plan environnemental (déforestation) que sur le plan social, via entre autres le recours à la main d’oeuvre forcée. L’OIT collabore donc avec les producteurs d’acier et certains de leurs clients (FIAT Brésil, entre autres), pour les pousser à travailler de manière responsable.

Le deuxième secteur est celui de l’exploitation forestière, au sein duquel les autorités veulent atteindre une gestion durable. Le troisième, enfin, concerne la production de biocarburants, dont Peter Poschen affirme qu’elle est réalisable au Brésil sans effet sur la production alimentaire et la déforestation. Une stratégie qui n’est clairement pas sans risque pour atteindre le but recherché : libérer les travailleurs opprimés du Brésil et leur offrir des emplois décents, tout en contribuant à la préservation de l’environnement et des ressources naturelles de leur magnifique pays.

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